Football : Claude Le Roy se compare à ces techniciens africains
La Coupe d’Afrique des Nations Côte d’ivoire 2024 démarre dans quelques semaines au pays de Didier Drogba. Claude Marie François Le Roy, l’ancien sélectionneur des Eperviers du Togo s’est prononcé sur cette épreuve chez nos confrères d’Afrik-Foot. Dans un entretien accordé à ce site, le technicien français a parlé de Djamel Belmadi et de Walid Regragui qu’il a encensé. Au même moment, l’ancien patron du staff technique des Lions Indomptables du Cameroun semble partir en guerre contre l’idée selon laquelle, les sélectionneurs étrangers des équipes nationales africaines doivent faire place aux sélectionneurs locaux.
Avec 9 participations à la Coupe d’Afrique des Nations, Claude Le Roy a du vécu en Afrique et connait beaucoup de choses sur le football de ce continent. Le Français pense que son pays la France a posé certains actes ignobles en Afrique mais il estime que tout le tableau n’est pas à peindre en noir. Claude Le Roy a été également interrogé sur ce qu’il manque à un pays africain pour soulever le trophée de la Coupe du Monde de football. Ce dernier pense ( malgré le Maroc qui a été classé 4′ sur la dernière édition ) que les acteurs du football africain doivent faire encore preuve de patience avant de remporter le fameux trophée.
» Je dirais un peu de patience… Ne pas vouloir tout changer, tout chambouler au gré des envies des ministres, des alliances, des intérêts des uns et des autres. Se dire surtout qu’il n’y a rien au-dessus du football et de la sélection nationale. Quand on fait quelque chose, il faut savoir se dire : « Est-ce que c’est bien pour l’équipe que je dirige ou c’est bien pour moi ? » La seule chose qui compte, c’est cette question-là ! Quand je prends cette décision, est-ce pour l’intérêt de l’équipe ou pour mon propre intérêt «
Djamel Belmadi, sélectionneur des Fennecs d’Algérie
Claude Le Roy s’est également prononcé sur le Maroc qui a disputé la demi-finale de la dernière coupe du monde de football qui s’est déroulée au Qatar. Le Français est revenu sur le parcours de Walid Regragui qui a réalisé cet exploit avec les Lions de l’Atlas du Maroc en tant que sélectionneur.
» En fait, concernant Walid Regragui, j’avais la puce à l’oreille depuis un moment déjà. Quand je vivais en France, j’avais remarqué Walid Regragui quand il était encore joueur à l’AC Ajaccio. Il jouait sur le côté droit et je me rappelle que, sans être un immense joueur, je l’avais trouvé déjà, très intelligent. Par la suite, en suivant un peu partout les résultats en Afrique, j’avais vu que le FUS de Rabat était devenu champion. Même si ce n’est pas le FUS d’il y a 25 ans, on va dire que ce club n’est pas un régulier des premières places au Maroc. Et, en regardant qui était l’entraîneur, j’ai trouvé que c’était Walid Regragui ! A partir de là, j’ai commencé à le suivre de près et on sait par la suite les résultats qu’il a obtenus jusqu’à son arrivée à la tête de la sélection du Maroc. Walid est intelligent, charismatique, il sait ce qu’il veut, il a des idées et je pense qu’il a un bon flair. Il sait reconnaître le talent. A partir de là, il cumule toutes qualités pour être un super entraîneur «
Il a également parlé de Djamel Belmadi qui fait de très belles choses avec l’Algérie depuis plusieurs années. C’est presque de la même manière que Claude Le Roy a peint le tableau illustrant la carrière de l’actuel patron du staff technique des Fennecs d’Algérie.
» Djamel aussi, je le connais depuis longtemps puisque je voulais le faire signer déjà en tant que joueur lorsque je dirigeais Strasbourg. Donc, ça fait longtemps que je le suis. C’est pareil pour lui. Ce n’est jamais facile de réussir à s’imposer dans un pays aussi compliqué que l’Algérie, très compliqué même ! Djamel a su imposer sa personnalité, que ça plaise ou pas, mais le fait est que les résultats ont plaidé pour lui. Après, lui aussi, il aime le jeu, il aime le talent… «
Pendant longtemps, les sélections africaines ont été entrainées par les étrangers, surtout des techniciens venus d’Europe. Depuis un bon moment, la donne change avec des techniciens africains qui font de très belles choses avec leurs pays. C’est le cas de Djamel Belmadi qui a remporté la CAN avec les Fennecs d’Algérie. Même son de cloche pour Aliou Cissé, ancien capitaine des Lions de la Teranga qui a remporté la dernière CAN avec le Sénégal, après avoir perdu la finale en 2002 contre le Cameroun de Rigoberg Song, lui aussi devenu sélectionneur des Lions Indomptables. On ne peut passer sous silence, le Maroc de Walid Regragui. Claude Le Roy pense que les Africains doivent continuer à laisser les étrangers gérer les sélections africaines.
» Il ne faut pas tomber dans la démagogie de dire, ‘maintenant, il est temps que les équipes africaines soient dirigées par des entraîneurs africains’, juste parce que Aliou Cissé, Djamel Belmadi et Walid Regragui réussissent. Il ne faut pas oublier que ces trois entraîneurs ont vécu beaucoup moins de temps que moi en Afrique, par exemple ! Il faut prendre des entraîneurs parce qu’ils sont bons et non pas parce qu’ils ont telle ou telle nationalité. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’entraîneurs de niveau moyen qui ont obtenu des postes parfois au détriment de jeunes entraîneurs avec de grandes qualités. Vous savez, tous mes adjoints africains étaient devenus sélectionneurs par la suite. Tous, sans exception ! J’ai passé mon temps à promouvoir justement les entraîneurs issus du continent africain, non pas parce qu’ils étaient Africains, mais parce qu’ils étaient bons, tout simplement. J’ai toujours essayé de me faire entourer des meilleurs, ceux qui pouvaient apporter un plus, en matière de responsabilité, ceux qui pouvaient me mettre en péril, ceux qui sont capables de me dire qu’ils ne sont pas d’accord avec moi, même si, au final, c’est toujours moi qui décide. Il ne faut surtout pas de courtisans autour de soi «
De gauche à droite : Aliou Cissé et Claude Le Roy
Le technicien français est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à tenir des propos de ce genre et surtout à demander que les étrangers continuent à entrainer les équipes africaines en attendant que les techniciens africains aient un bon niveau et surtout qu’ils soient nombreux avec des attitudes et des aptitudes à pouvoir entrainer les sélections africaines.
» Je n’aime pas ces discours un peu démagogiques qu’on entend un peu partout ces derniers temps et qui ne correspondent à rien. Parce que, premièrement, tous ces trois garçons ont grandi en France et ont fait leur carrière et passé tous leurs diplômes en France. Ils auraient pu être en Italie, en Allemagne ou aux Pays-Bas… Ils auraient pu obtenir leurs diplômes ailleurs. Ce n’est pas ça le problème. Je trouve juste cela un peu réducteur. Moi je suis loin d’être un franco-français, franchouillard. Je pense que la France n’a pas à être fière de tout ce qui a été fait en Afrique. Mais il y a aussi des choses positives et il faut bien savoir le reconnaître parfois. Moi, j’essaie toujours de garder beaucoup de mesures «
